Les sentiments n’ont pas d’âge

Ceci est une confession mais aussi une confidence. C’est pourquoi je ne vous révèlerai pas mon identité, afin que je puisse épancher mon coeur librement et sans risque.

J’ai rencontré lorsque j’avais seize ans un homme âgé de cinquante-deux ans. Il s’agissait d’un ami de mon père, qui venait régulièrement à la maison. La première fois que nous nous sommes rencontrés, c’était lors d’un dîner. Un peu avant son arrivée, mon père a fait un « conseil de famille » comme il aime les appeler, en général pour nous avertir ou nous donner des directives. Il nous dit qu’il avait invité un collègue de bureau, et que cet homme était dépressif, il venait de se séparer et ne parvenait pas à faire revenir son ex. Il fallait donc faire comme si de rien n’était et simuler la joie de l’avoir à table. Il ferait sans doute la tête pendant le repas et ne parlerait pas beaucoup. Mon père avait de la peine pour lui et voulait lui remonter le moral.

Lorsqu’il est arrivé, j’ai tout de suite senti comme une onde traverser la pièce. Un sentiment inconnu, comme une chaleur, une lumière qui semblait baigner la pièce d’une aura particulière, comme dans un rêve…Il avait un air un peu sombre et triste et baissait la tête pour éviter nos regards. Nous nous sommes mis à table, et c’est en lui tendant la corbeille de pain, que j’ai remarqué ses immenses yeux bleus. Je ne pouvais détacher mon regard de lui.

Mais ce que je n’ai aps tardé à remarquer, c’est que toute la famille le regardait avec un air gêné et contrit. Mon frère le dévisageait régulièrement comme une bête étrange, ma mère ne cessait de lui sourire de façon crispée en lui parlant à un niveau sonore adapté à un sourd du troisième âge et mon père paraissait complètement stressé et parlait uniquement du travail, de dossiers ennuyeux et regardait régulièrement sa montre.

Au milieu de ce pathétique spectacle, cet homme restait calme et répondait aimablement et doucement aux cris perçants de ma mère, faisait semblant de ne pas remarquer le stress de mon père. Il était comme un ange. Je le regardais à la dérobée…Il demanda à ma mère quel âge j’avais. Je me sentis comme sur une scène, éclairée de mille faux, il parlait de moi! Ma mère dit d’un air navré que j’avais seize ans, l’âge ingrat, je passais des journées à écouter de la musique de dépressif. Elle explosa de rire, et s’étrangla. Mon père la regarda d’un air furieux.

Mais le bel étranger me dit que parfois seule la musique semblait nous comprendre…Et je me sentis comme ensorcelée par une magie blanche que je ne connaissais pas. Il s’agissait du sentiment d’amour, celui qu’on éprouve pour la première fois et qui n’a rien à voir avec les pitreries adolescentes…

La suite dans le prochain article!

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